Voici les différentes étapes d'une séance de moulage corporel.
Le modèle se met nu dans l’atelier du mouleur. C’est un lieu protégé des regards extérieurs. Une fois la pose choisie, l’artiste vérifie qu’il n’y a pas de pilosité qui pourrait adhérer dans la bande plâtrée. Il montre au modèle quels sont ses appuis et vérifie qu’il pourra tenir la pose pendant 15-20 minutes sans bouger. Ensuite il passe doucement de la vaseline médicinale sur toute la partie qui va être moulée afin que le plâtre ne colle pas à la peau.
Les bandes plâtrées sont coupées à la taille du modèle. Le modèle prend la pose convenue et le mouleur trempe la première bande dans l’eau tiède, l’essore et l’applique directement sur la peau puis la lisse pour qu’il n’y ait pas de bulles d’air qui restent piégées. Puis les bandes se suivent les unes après les autres avec les mêmes gestes jusqu’à ce que la partie choisie soit entièrement recouverte de bande plâtrée. Généralement quand on pose la dernière bande la première a commencé à durcir.
Cet enveloppement souple commence à tiédir et à prendre. C’est un moment de calme et de perceptions exceptionnelles ; une prise de conscience de l’espace intérieur de l’être. La personne moulée va à la rencontre de sa périphérie, du lieu où se séparent le dedans et le dehors, le moi et le non-moi. Le moulage réalisé à la surface du corps révèle l’architecture intérieure. Là, la citation de Paul Valéry prend tout son sens : « La peau est ce qu’il y a de plus profond. »
L’ensemble des bandes est maintenant durci ; le modèle sent que certaines parties se décollent doucement le mouleur invite à approfondir une ou deux respirations ou rentrer son ventre ; ce qui, il y a quelques minutes était souple est maintenant rigide.
Là s’arrête la première expérience de la personne moulée ; il y a un temps de partage sur le ressenti, le mouleur décolle quelques éclaboussures de plâtre qui restent à la périphérie du moule. Le modèle constate que la peau de la partie moulée est propre et douce, la vaseline est restée à l’intérieur du moule.
Le mouleur aide certains recoins qui adhèrent encore à se libérer et délicatement il retire ce qui est maintenant une coque et en présente l’intérieur à son modèle. Qui souvent ressent une émotion de nouvelle naissance comme le papillon sortant de sa chrysalide.
Que devient ensuite le moule ?
Il est d’abord mis à sécher pendant quelques jours. Il sera ensuite traité avec plusieurs produits qui conserveront sa rigidité si on veut le conserver tel quel.
Le tirage
Au moment de faire ce que l’on appelle le tirage du positif on passera au pinceau plusieurs couches de produits démoulant sur toute la surface de l’intérieur en laissant sécher entre les couches. Lorsque le modèle dans une démarche d’apprentissage de la technique passe lui-même ces couches successives il approfondit ses prises de conscience de son identité charnelle. Là encore on comprend que le moulage est un magnifique moyen de se découvrir, de ressentir et d’incarner « qui je suis ».
Selon la destination et l’objectif que s’est fixé le modèle le moule peut rester en l’état ou être « tiré » en positif en plâtre s’il reste à l’intérieur d’un bâtiment, en ciment s’il est destiné à l’extérieur ou en cire s’il est destiné à être finalisé en bronze ce qui est magnifique mais malheureusement coûteux.
Pour le tirage de grands moulages je propose généralement au modèle de venir participer à la fabrication ce qui prolonge la construction de l’image de soi.
